La sophia-analyse

30 Mar 2021 | DÉCRYPTAGE

La sophia-analyse fondée par Antonio Mercurio se rattache au courant psychanalytique existentiel et appartient au vaste courant humaniste. Elle place l’être humain au cœur de sa problématique, non seulement en tant que Sujet, mais en tant que Personne.

 

Les principaux concepts de la sophia-analyse

La pratique de la sophia-analyse ne peut être le résultat d’une application de telle ou telle théorie (voire d’une prescription) ; il s’agit, toute proportion gardée, de « réinventer » la théorie avec chaque personne en fonction de ses singularités.

Dans le même esprit, la sophia-analyse propose une théorie qui évolue en fonction des problématiques cliniques rencontrées. Même si le dispositif analytique préserve le patient des interférences externes et donne la primauté à l’expression de la subjectivité, le monde social est présent à l’arrière-plan. La sophia-analyse, loin de l’ignorer, intègre l’évolution de l’environnement sociétal et les mutations sociologiques dans sa réflexion et ses pratiques analytiques.

La sophia-analyse est une thérapie par la parole et par l’écoute, son outil est la relation. Elle vise avant tout à soulager, voire à libérer le patient de la souffrance psychique née des blessures de son histoire, sachant que sa particularité est de considérer les blessures les plus archaïques, celles reçues durant la vie intrautérine. Elle vise encore, en tant que psychanalyse existentielle à permettre au patient de naître à soi-même en tant que Personne et d’affronter la souffrance liée à sa condition humaine afin de récupérer sa capacité à agir et à développer sa créativité.

 

Les lignes directrices d’une thérapie en sophia-analyse

Elle considère que la personne est libre et capable de décisions ; lorsqu’elle consulte, elle est généralement dans une impasse (souffrance psychique ou existentielle) quant aux décisions qu’elle a prises jusqu’ici dans son existence. La méthode sophia-analytique s’attache à reconnaître la valeur des outils que cette personne a acquis, outils qui lui ont permis d’arriver là où elle en est aujourd’hui, mais qu’il est nécessaire de faire évoluer. Ces outils sont les symptômes, la stratégie de l’évitement dont le déni fait partie, la maitrise et les croyances qui permettent de juguler les peurs, l’angoisse et l’anxiété jusqu’à un certain point ; ce sont des mécanismes de défense. Les processus d’adaptation au monde et aux relations font aussi partis des outils acquis qui auront à évoluer ; les processus d’adaptation sont une élaboration liée aux émotions, aux sentiments et aux ressentis. Par exemple, la stratégie du contrôle relève à la fois d’un mécanisme de défense et d’un processus d’adaptation relatif à une peur ou une émotion (la peur d’être rejeté ou l’éprouvé du rejet) pouvant conduire à vouloir faire tout parfaitement, comportement qui peut mener au burn out imposant alors la nécessité d’un changement.

Le sophia-analyste est attentif à la dominante émotionnelle qui habite la personne et son travail consiste à reformuler les processus psychiques et existentiels et à insister sur l’analyse de l’agir de la personne. Devenir capable de penser et de s’approprier ses agirs aide la personne à transformer ce qui est nécessaire de changer au regard de son projet de vie. Si la psychanalyse permet de comprendre son passé, de faire des liens et de favoriser des prises de conscience, la sophia-analyse propose des solutions : une fois la problématique posée, il est nécessaire de définir la stratégie visant au changement.
Le rôle du sophia-analyste est de déterminer comment le problème fonctionne et se maintient dans le présent, que son origine provienne ou non du passé. Il est important pour lui de connaître les solutions et les différents agirs qui ont déjà été tentés par la personne. Ses interventions basées sur l’authenticité, visent un double impact, à la fois informatif et incitatif en vue d’obtenir un effet sur la personne. Par exemple, obtenir une détente émotionnelle qui permet de modifier les perceptions faites par la personne à propos d’une situation et d’influer ainsi sur les réactions suscitées.

Le sophia-analyste doit s’imprégner de la dynamique relationnelle de la personne, pouvoir lui parler avec son langage en vue de l’aider à construire une réponse différente aux problèmes dont elle souffre. Ce travail se fait selon l’appui des valeurs fondamentales existentielles de liberté et de responsabilité.

 

Quelles sont les indications privilégiées ?

Enfin, l’objectif de la psychothérapie sophia-analytique est de permettre à la personne de reprendre le pouvoir sur sa vie. Grâce à la restauration et l’écoute de ses ressentis (émotions, sentiments) la personne se réapproprie les processus qui animent sa vie. Elle peut alors afin saisir et comprendre la manière dont ces processus se sont construits à l’origine et dans quel contexte ils ont émergé. Elle pourra ensuite restaurer un processus décisionnel de manière à cesser d’être l’objet des processus qui agissent automatiquement dès qu’une résonance les convoque.

Cet objectif de reprise de pouvoir sur sa vie invite aussi à s’interroger et à répondre à la question : comment penser le sens de sa vie dans le monde actuel?

 

Bibliographie

  • Wilfred R. Bion, Aux sources de l’expérience, Paris, PUF, 1962
  • Mony Elkaim, Comprendre la souffrance psychique. Quels traitement, pour quel trouble?, Paris, Seuil, 2007
  • Sigmund Freud, Psychologie des masses et analyse du Moi, Paris, PUF, 2010 (1921)
  • Antonio Mercurio, La Vie comme œuvre d’art, Rome, SUR, 1998
  • Philippe Refabert, Comme si de rien: témoignages et psychanalyse, Paris, Campagne première, 2018
  • Jean-Jacques Wittezeale, L’homme relationnel, Paris, Seuil, 2003
  • Irvin D. Yalom, Thérapie existentielle, Paris, Galaade, 2008 (1990)