Conférence APO : “Souffrance en situation migratoire : Trauma & Culture”, avec Daniel Delanoë, le 25 mars 2025

La psychiatrie transculturelle est apparue en France avec George Devereux dans les années 1970, sous le terme d’ethnopsychiatrie. Tobie Nathan, son élève, a créé la première consultation transculturelle en 1979 à l’hôpital Avicenne à Bobigny. Marie Rose Moro, professeure de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent, cheffe de service à la maison de Solenn, Hôpital Cochin, à Paris développe la psychiatrie transculturelle à travers des consultations, des séminaires, des recherches, des colloques et la revue L’autre, cliniques, cultures, sociétés (https://revuelautre.com ). L’accent a d’abord été mis sur les étiologies traditionnelles des troubles et de l’infortune, impliquant des entités invisibles du monde animiste : génies, ancêtres, sorcellerie. Le groupe de thérapeutes de diverses cultures permettait d’accueillir ces modèles explicatifs et d’en faire des levers thérapeutiques efficaces et transitoires. Ils constituent souvent une figuration des conflits et de l’histoire familiale, et sont le support d’un récit qui a des effets thérapeutiques. Plus tard, et surtout depuis les années 2000, la dimension traumatique a été de plus en plus prise en compte, en abordant les traumatismes survenus avant, pendant et après la migration, qui ont des effets sur les personnes qui ont voyagé et aussi sur leurs enfants nés dans le pays d’accueil. Quand cela est possible, le récit fait par les parents de ces traumatismes en présence des enfants, dans le cadre de la consultation, permet d’en atténuer les effets désorganisateurs chez les enfants. La reconstruction de processus de filiation à travers ces récits autorise l’enfant à investir les processus d’affiliation, dans les apprentissages et dans la socialisation, à devenir un.e enfant né en France de parents venus d’ailleurs. L’enfant réalise ainsi le processus de métissage culturel.