Lecture : Une enfant de trop, de Véronique Wycke
L’inceste maternel est un thème très peu abordé dans le champ de la relation d’aide. Voici un témoignage qui nous plonge dans l’intimité d’une vie.
Il y a toujours un risque d’impudeur à dévoiler ainsi son enfance et les maltraitances vécues au sein de son système familial. Comment raconter au plus près ce qui est ressenti ? Comment exposer des faits de vie douloureux sans devenir juge ou sans se placer en simple victime ?
L’ensemble du récit est ponctué d’éléments de recherche théorique avec des références à des auteurs qui peuvent éclairer ce qui pourrait apparaître comme de la pure folie. Sortir de la honte et de l’enfermement en rendant intelligible ce qui apparaît incohérent, voici l’objet de ce livre. Des moments poétiques viennent ponctuer le récit et nous plongent dans l’imaginaire.
Une enfant de trop est une invitation, pour les victimes de l’inceste maternel et les psychothérapeutes qui les accompagnent, à se resituer dans une histoire familiale et à prendre conscience du croisement des enjeux psychiques et sociétaux dans l’émergence des troubles psychiques individuels.
Aux lecteurs et lectrices qui veulent comprendre comment se fabrique, à travers l’histoire et notamment les deux guerres mondiales, une perversion psychotique maternelle. Voici un cas clinique autobiographique d’une professionnelle de la maltraitance.
Au travers du contexte historique et des conflits familiaux des aieux, cet ouvrage illustre la déconstruction de ce qui était autrefois défini comme « l’instinct maternel ».
La guerre a modifié la place de la femme et de la mère. L’idéalisation du féminin fut alors mise à « mâle ». Des encarts théoriques permettent de comprendre comment le lien parental s’abime au contact de l’histoire : ici, le retour de Verdun d’un Poilu défaillant et alcoolique, atteint d’un stress post-traumatique. Ces repères historiques, psychosociologiques et cliniques conduisent à cheminer sur la compassion pour « démonstrer » ces mères toxiques après deux guerres mondiales.
Ce livre est une ouverture à l’empathie pour entamer une réconciliation avec le passé, ouvrant alors sur un chemin de reconstruction, après la déconstruction du roman familial et des fausses croyances qu’il contient.